Chaque mois et demi, dans Montreuil Dépêche, l'hebdo municipal diffusé à 48.000 exemplaires, les groupes politiques de la municipalité peuvent s'exprimer librement. C'est l'occasion pour le groupe socialiste que je préside d'articuler une vision nationale de la politique avec les enjeux locaux. Ci-dessous, la tribune libre parue mercredi 10 octobre , sur le conflit UGC - Méliès.

 

 

Chaque mois, les élus socialistes de Montreuil s’efforcent dans cette tribune d’articuler les questions locales avec les grands enjeux de la politique nationale. Défendre pied à pied les intérêts particuliers des habitants de leur ville dans le cadre de l’intérêt général, et au nom d’une vision globale de la société et de valeurs clairement affirmées à gauche, telle est notre conception du travail d’élus locaux.

 

L’actualité montreuilloise de ce mois nous conforte dans cette manière de voir, avec l’incroyable agression du géant de l’industrie cinématographique UGC contre le projet d’agrandissement de notre cinéma municipal Georges-Méliès.

 

C’est un peu comme si Goliath provoquait David en duel, mais a condition que ce dernier ait les mains attachées dans le dos ! C’est un peu comme si le gouvernement Sarkozy se mettait à stigmatiser des régimes spéciaux de retraites de certaines catégories d’ouvriers qui ont travaillé dur toute leur vie (les cheminots, par exemple), tout en dépénalisant le droit des affaires dans le but de protéger des patrons et des actionnaires boursicoteurs après qu’ils aient pillé les caisses d’un des fleurons de l’industrie nationale (EADS, par exemple). Cela vous rappelle quelque chose ? Oui, c’est exactement ce qui se passe aujourd’hui !

 

Revenons à cette affaire du Méliès. Si leurs conséquences n’étaient pas aussi graves, les attendus de la plainte d’UGC pour « concurrence déloyale » et « abus de position dominante » (sic) prêteraient à sourire. Malheureusement, cette situation grotesque révèle brutalement une certaine vision du monde qui s’impose de plus en plus et qui cherche à en anéantir une autre :

 

-         La vision d’UGC s’inscrit dans la volonté d’un élargissement de l’accord global sur le commerce des services (AGCS) qui pour l’instant, au nom de la fameuse « exception culturelle », n’intègre pas la Culture. La démarche décomplexée d’UGC pourrait annoncer la décision de libéraliser aussi le champ de la culture.

 

-         Dans notre vision de la vie, à Montreuil, la culture doit demeurer un champ préservé des lois du marché. Nous en avons une vision républicaine. La culture doit être accessible à tous, quelle que soit l’origine sociale de chacun. C’est pourquoi la municipalité a toujours investi dans ce champ d’action. Nous revendiquons la possibilité d’offrir aux enfants de tous les milieux sociaux le meilleur de l’art contemporain, du théâtre, de la danse et de la musique. Cette variété des pratiques permet à chacun d’élargir sa culture, de construire son esprit critique… autant d’éléments qui permettent de mieux saisir les enjeux de la vie ensemble et, par là, de mieux y intervenir. L’accès à la culture est indispensable pour que l’individu s’émancipe et se réalise dans un rapport aux autres.

 

C’est pour cela que nous – élus socialistes – ferons tout ce qui est possible pour que le cinéma municipal puisse mener à bien son extension, mais c’est aussi pour cela que nous proposons la création d’un lieu d’exposition dédié aux arts visuels (de la photo aux arts plastiques) et d’une grande salle de concert, ainsi que le développement des lieux de pratique artistique (ateliers, salles de répétitions).

 

Derrière la bataille en faveur de l’extension du Méliès, il y a cette conception de la culture. Si UGC a gain de cause cette fois-ci, c’est une certaine vision du monde qui s’impose et les autres projets culturels dont la ville a besoin seront anéantis.

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