Intervention de Nicolas Voisin au nom du groupe des élus socialistes

Conseil Municipal de Montreuil – 8 novembre 2007



Chers Collègues,
Mesdames et Messieurs,
Chers Concitoyens,
 
Pour la dernière fois dans cette mandature commencée en 2001, notre conseil municipal ouvre sur les orientations exposée par notre rapporteur une discussion qui aboutira au vote sur le budget primitif de la Ville de Montreuil pour l’année 2008.

 

Chaque année à la même époque, depuis que le groupe socialiste m’a confié la responsabilité d’exprimer en son nom sa position sur ces questions, je ne manque pas de rappeler que l'élaboration du budget d'une collectivité est un moment politique important dans la vie d'une démocratie car  c'est le moment où les élus du peuple rendent concrètes et matérielles les orientations politiques, les valeurs, les ambitions sur lesquelles ils ont été élus. Voici donc le point de vue du groupe socialistes.

 

Monsieur le rapporteur du Budget l’a dit dans son introduction, et il a eu raison de le faire, notre budget se trouve une fois encore sous la pression des choix mis en œuvre par  le gouvernement de droite, avec notamment un transfert à l'échelon local des charges correspondant aux actions sociales dont l'Etat se désengage de plus en plus.

 

Nous avons eu maintes fois l’occasion au cours de ces six dernières années de dénoncer l’irresponsabilité de cette dislocation de l'Etat Républicain, qui a comme première conséquence d’anéantir – ou de gravement limiter – la capacité d'intervention publique pour l'investissement dans les équipements nécessaires, le fonctionnement des services publics, le social, la santé, l'éducation, la solidarité…

 

C’est bien une politique raisonnée de la droite – et du reste pleinement assumée par le 1er ministre qui promettait récemment  toujours moins d’Etat et toujours plus de cadeaux fiscaux – qui conduit à la fragilisation de toute la société, où les plus faibles sont abandonnés à leur sort et où les plus forts s’enrichissent toujours davantage.

 

C’est cette même politique libérale qui a créé au niveau international l’instabilité chronique révélée par la crise financière qui nous menace depuis quelques mois.

 

 Voilà ce que les socialistes pensent de la situation générale… pour autant, ces difficultés incontestables ne doivent pas nous empêcher de définir avec clairvoyance nos propres responsabilités dans le budget de notre commune.

 

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Parmi les responsabilités locales que nous devons aborder avec lucidité, il y a d'abord la question de l’endettement. Pour les socialistes, le recours à un endettement pour une collectivité – tant qu'il reste raisonnable et maîtrisé, pour financer par exemple l'investissement pour de meilleurs équipements publics – n'est pas en soi un problème.

 

Monsieur le Rapporteur a décrit comment cette dette a tendance à reculer d’une façon régulière et continue depuis plusieurs années. Nous nous en sommes félicités, conscients des sacrifices auxquels nous avons du consentir depuis le début du mandat, notamment dans les budgets de fonctionnement.

 

Sacrifices, du reste, touchant avant tout les agents communaux à qui nous avons demandé de maintenir un très haut niveau de service public avec des moyens réduits, pour éviter au maximum que nos concitoyens aient à subir cette rigueur.

 

Je dois souligner que ces sacrifices, nous les avons aussi fait porter par les contribuables de notre communes, s’acquittant des différentes fiscalités dont nous avons fixé le niveau. Il est évident que la réduction de l’endettement réalisée ces trois dernières années, et l’élargissement de notre capacité d’investissement à la fin de notre mandature doit beaucoup à l’effort fiscal que nous avons demandé à tous nos contribuables – les ménages comme les entreprises – lors de la très substantielle augmentation des impôts locaux décidée il y a trois ans.

 

Il vient d’être confirmé qu’aucune augmentation de la fiscalité ne serait envisagée dans le prochain exercice. Nous sommes satisfaits car nous pensons en effet que nous avons atteint un plafond. D’ailleurs, très objectivement, nous ne sommes pas loin du plafond que nous impose la Loi en la matière.

 

Mais Monsieur le rapporteur a reconnu une sorte d’essoufflement dans la dynamique de désendettement, et le retour d’un risque réel de ce que l’on pourrait appeler un « effet ciseaux » provoqué par le déséquilibre entre les recettes et les dépenses de la Commune.

 

Il faut traduire clairement à l’attention de nos concitoyens : l’embellie des marges de manœuvre créée il y a quelques années par – notamment – la hausse des impôts est sur le point de se terminer. Si nous ne voulons pas recourir à nouveau au levier fiscal, et nous ne le voulons pas, alors l’hypothèse d’un recours à un nouvel emprunt semble difficile à écarter. Dans le contexte décrit tout à l’heure des risques permanents d'augmentation des taux d'intérêts, qui ne dépendent pas de nous mais des mécanismes bancaires internationaux très instables, nous attirons une nouvelle fois l’attention sur les possibles conséquences de cette situation.

 

Nous n’en sommes qu’à l’étape du débat d’orientation. Nous nous contenterons pour l’instant de ces commentaires qui ne se veulent pas alarmistes, mais clairvoyants, lucides, et – disons – préventifs.

 

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Pour conclure mon intervention, je souhaiterais relever un aspect du rapport qui n’apparaissait pas aussi clairement les années précédentes. Je veux parler de la partie II qui, sous le titre « Les orientations stratégiques de la ville de Montreuil » présente d’une façon assez exhaustive l’activité concrète de la municipalité rendue possible par la construction du budget. Je ne vais pas tout reprendre, mais je tiens à souligner certaines parties qui relèvent de la responsabilité des élus du groupe socialiste, au travers des délégations décisives que vous avez confiées – Monsieur le Maire – aux adjoints.

- Ainsi, dans le secteur de la Jeunesse et l'Enfance sous la responsabilité de Geneviève de Kerautem, il faut souligner dans ce rapport les réalisations en cours liées au PELG, avec les grandes ambitions éducatives portées par un dispositif qui s’est considérablement renforcé, avec notamment la création d’une centaine de postes d’animateurs, mieux formés, mieux reconnus dans leur profession, et disposant d’outils rénovés. De même, il faut se réjouir de l’ouverture imminente du Bureau d’Information Jeunesse comme une suite des assises de la jeunesses.

- De même, dans le secteur du Développement économique avec Manuel Martinez, il faut apprécier dans la présentation du Rapporteur l’impressionnant dynamisme retrouvé, offrant par ailleurs l’élargissement des ressources fiscales pour la Commune.

- Dans le secteur de la Santé, de l'Hygiène et surtout de la Lutte contre le saturnisme avec Frédéric Molossi, il faut se féliciter de la consolidation d’une action tellement importante pour la vie quotidienne des familles montreuilloises, en particuliers les familles les plus fragiles.

- Le secteur de la Voirie et la Propreté avec Karine Poulard, est également affirmé dans ce rapport comme celui où un effort tout particulier à été fait pour offrir à nos concitoyens un cadre de vie plus agréable et plus respectueux de la vie citoyenne et de l’environnement.

- Enfin, dans le secteur des Affaires sociales, de l'Emploi et de la Vie associative pour ce qui me concerne, le rapport décrit l’effort en termes de solidarité, pour mieux articuler la création de richesse générée par le développement économique avec la répartition de ces richesses par l’emploi et une action sociale de très haut niveau.

 

 

Ces actions tellement importantes pour l’intérêt général de notre population (et je n’oublie pas, bien sûr toutes les autres portées par notre municipalité) sont le fruit de nos débats, de nos échanges et parfois – il faut le dire – de nos confrontations au sein de cette maison commune. Elles sont visibles au quotidien dans la réalité concrète de la ville que nous gouvernons ensemble au nom d’une certaine vision du monde, elles sont inscrites durablement dans le rapport d’orientation budgétaire, et le groupe socialiste se félicite de cela.

 

Pour autant, nous n’abandonnons pas nos réserves maintes fois répétées au sujet de certains dossiers transversaux comme celui de l’aménagement du Cœur de Ville, dont la part dans notre budget ne cesse de s’alourdir – de dépenses imprévues en charges supplémentaires – au fur et à mesure que les travaux avancent. Les immeubles sortent de terre, et certains sont incontestablement de belles réussites comme le théâtre que nous inaugurerons dans quelques jours, mais pendant ce temps là, le sentiment de fracture territoriale entre le haut-Montreuil et le bas-Montreuil s’installe, avec pour notre commune l’incapacité matérielle d’intervenir réellement à la hauteur de l’enjeu, tant le Cœur de Ville pèse sur nos finances comme une priorité presque exclusive.

 

Les socialistes oeuvreront pour que dans les rapports d’orientation des prochaines années, au chapitre B intitulé « Le cadre de vie au cœur de la politique municipale », figurent à égalité du paragraphe consacré au Cœur de Ville d’autres paragraphes consacrés à de grands projets dans les quartiers populaires du Nord et de l’Est de la Ville, pour réaliser l’unité républicaine du territoire de notre ville.

 

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Voilà ce qu'au nom du groupe des élus socialistes je tenais à affirmer à l'occasion de ce premier débat sur les orientations budgétaires pour 2008.

 

Ce débat s’engage pour quelques semaines et vous pouvez compter sur nous pour y participer pleinement, avec toute la détermination et toute l'exigence que nous avons su montrer lors des années précédentes. Avec aussi toute notre liberté de parole et d'action.

 

 

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