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Du 19 au 25 mai 2008, à Montreuil comme dans d'autres villes, une votation citoyenne a été organisée sur la question du droit de vote pour les étrangers.

Initiée par la Ligue des Droits de l'Homme et un certain nombre d'organisations, cette votation fait suite à celle de 2006, et avait pour but de vérifier l'état de la mobilisation sur cette question importante au lendemain des élections municipales.

On sait bien que la forme de cette consultation n'est pas juridiquement reconnue, et que la valeur du résultat correspond plutôt à une pétition, mais elle permet de démontrer que la société est prête pour que se réalise enfin une vieille promesse (non tenue par la Gauche, depuis 1981).

Pendant une semaine, des bureaux de vote ont été mis en place permettant aux montreuillois de s'exprimer. Voici les résultats, urne par urne...




URNES/Feuilles d'émargement OUI NON INSCRITS NON INSCRITS Ne se prononce pas VOTANTS
Bourse travail 12 1 6 7 0 13
Ruffins+Sect. est 65 7 42 30 0 72
Maison Pop 114 7 109 12 0 121
Musée Hist Vivante 15 6 19 2 0 21
Centre social+SFM 38 0 20 18 0 38
Ruffins Villiers Barbusse 40 0 39 1 0 40
Centenaire+COS 109 4 65 48 0 113
Fabien+Croix Chavaux+cap. Dreyfus 125 7 102 30 0 132
Hôtel de ville 64 31 94 1 0 95
Paul Signac 126 3 107 22 0 129
PC+Croix Chavaux 99 7 98 8 0 106
Point Accès Droit 9 0 8 1 0 9
rue Paris (M° Rob.)+ant. ctre ville 160 3 98 57 8 163
Tour adtive+ant. sect nord 63 1 58 6 0 64
Bara+République 213 5 98 120 0 218
D. Renault 13 1 10 4 0 14
R. Desnos 59 9 48 14 6 68
P. Picasso 13 7 17 3 0 20
Maison Femmes 31 1 30 2 0 32
PIC 3 0 3 0 0 3
secteur ouest 1 0 1 0 0 1
Comme vous Emoi 81 0 50 21 10 81
Maison des associations 27 4 29 1 1 31
Méliès 174 4 154 24 0 178
P. Elluard 3 0 3 0 0 3
Lounes Matoub 75 15 68 19 3 90
Pim's 24 2 Non renseigné Non renseigné 0 26
Piscine 103 12 79 27 19 125
TOTAL
1859 137 1455 478 47 2006
En % 92,67% 6,83% 72,53%
23,83% 2,34%





Bravo aux montreuillois et aux initiateurs de la votation

Au delà du "score" réalisé par le OUI, qui n'est pas réellement une surprise, il faut surtout noter la bonne nouvelle que représente le fait que 2006 personnes se soient déplacées pour s'exprimer sur cette question qui est loin de faire la Une des journaux.

A Montreuil comme ailleurs, il est donc confirmé qu'il existe une réelle mobilisation citoyenne prête à relayer cette exigence du droit de vote pour les étrangers auprès des responsables politiques capables de faire évoluer les institutions républicaines dans ce sens. Il faut aussi remarquer la mobilisation de plusieurs centaines de "non inscrits" dans cette votation, c'est à dire essentiellement des étrangers concernés par la revendication, à mettre en relation avec les mouvements actuels des travailleurs sans-papiers, démontrant que désormais ces personnes ne consentent plus à vivre en silence dans cette inégalité sociale et civique.

Bravo, donc, aux organisateurs de cette votation à Montreuil et dans les autres villes. Cette initiative est une étape importante pour les batailles qui resteront à mener jusqu'à obtenir satisfaction...



Quelques remarques cependant...

C'est sur un autre terrain qu'il y a cependant un certain nombre de remarques à faire.

On se souvient que la dernière votation sur ce sujet a eu lieu en octobre 2006. A cette époque, ce sont 3222 montreuillois qui s'étaient déplacés pour voter. 3222 votants en 2006, 2006 votants en 2008... Comment expliquer ce recul ?

Je sais que les organisations à l'initiative de la votation montreuilloise se réuniront dans quelques jours pour observer de près ces résultats. Je ne me livrerai donc pas ici et aujourd'hui à une analyse détaillée, en observant par exemple les écarts entre les "bureaux de vote" correspondant à des lieux de fréquentation publique comme le cinéma et la maison populaire ou la participation est assez importante, et d'autres types de lieux où il manque manifestement des voix plus "militantes"... mais je souhaite exprimer tout de même un point de vue qu'il faudra vérifier...

En 2006, nous étions à plus d'un an et demi de l'élection municipale de mars 2008, et toutes les organisations de la gauche politique et sociale de la commune s'étaient associées dans le collectif initié par la Ligue des Droits de l’Homme, sans oublier les nombreuses associations qui, à Montreuil, regroupent beaucoup d’étrangers très concernés par la question de la citoyenneté.

Au niveau municipal, j'étais à cette époque président du groupe des élus socialistes, et je me souviens qu'un débat avait eu lieu entre les différents groupes constituant la gauche montreuilloise, conduisant à la décision historique d'agir en commun, au nom de l'intérêt supérieur pour la gauche de faire avancer cette question. Je me souviens aussi des réticences sur la forme de cette initiative qu'avait exprimé le maire, conduisant à la mise en place d'un dispositif municipal minimum : les locaux et des moyens avaient été mis à disposition, mais la Ville en tant que telle, ne s'était pas engagée dans cette votation.

Et cependant, le soir du 22 octobre 2006, les quelques quarante militants socialistes, communistes, écologistes, associatifs et syndicaux réunis pour le dépouillement à la Maison Ouverte, avaient eu la surprise de découvrir une participation double aux prévisions les plus optimistes.

Ma conviction est qu'en 2006 c'est cette unité de la gauche qui avait créé une telle dynamique. Et je le dis avec regret : ma conviction aujourd'hui est que cette dynamique s'est sérieusement abîmée à l'épreuve des élections municipales.

Certes la semaine dernière, les mêmes organisations qu'en 2006 étaient rassemblées dans le collectif. Certes la "nouvelle" municipalité a relayé formellement l'information, certes les militants engagés dans cette campagne y ont mis le même coeur qu'il y a deux ans. Mais de toute évidence, quelque chose s'est passé. Quelque chose s'est cassé. Cela doit être médité.

Il faut d'autant plus s'interroger qu'au lendemain de la votation, la municipalité a choisi - contre toute attente - de faire le black-out sur les résultats. Le journal municipal Montreuil Dépêche n'a en effet pas publié la moindre ligne sur cette belle initiative citoyenne et associative, et qui demeure riche d'enseignements en dépit de la relative baisse de participation...

Etrange décision révélant une difficulté à reconnaître la morosité générale règnant au sein de la gauche montreuilloise, et peut-être révélant une conception de l'action politique essentiellement fondée sur une communication des bonnes nouvelles conformes à une certaine doxa municipale. On en regretterait presque la disparition du Poivron ! (les connaisseurs apprécieront...)

Dans le cas présent, l'argument semble être : "puisque le score de la votation 2008 est moins bon que celui de 2006, on n'en parle pas"... plutôt que d'identifier lucidement le problème et de continuer à agir pour faire avancer cette grande cause.


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